Lors d’une réunion liée à mon travail de secrétaire d’une communauté du mouvement juif Massorti, j’ai entendu qu’une alakha avait été publiée par l’un des rabbins « Possek Alakha » de ce mouvement concernant la possibilié de lire la Tora pour une personne handicapé. En effet, le mouvement Massorti observe la Alakha de manière assez rigoureuse selon les textes, ce qui n’est pas toujours simple compte tenu qu’il associe les connaissances modernes aux décisions alakhiques.
J’avais totalement oublié qu’il pouvait y avoir des contraintes, voire des interdictions au sujet de la personne qui lit la Tora dans la synagogue. En effet il existe des restriction liées au fait que la personne qui lit la Tora est censée avoir procuration pour chacune des personnes assistant à l’office et de ce fait certains handicaps peuvent disqualifier un handicapé. Dans le cas d’une Bar Mitzva l’idée me parait insupportable car elle implique que la personne handicapée ne serait pas « au niveau » pour distribuer au public le bébéfice de la mitzvah.
Bref, depuis quelques années que je travaille dans une communauté Massorti, je trouvais tout à fait naturel et même particulièrement important de pouvoir organiser des Bar Mitzvot pour des enfants handicapés dont certains avec des handicaps lourds.
Des tablettes iPad permettent même à certains enfants de cliquer sur les symboles de la tablette qui génère en synthèse vocale les bénédiction ou autre paroles liées à la cérémonie de la lecture de la Tora.
La Bar Mitzva est à mes yeux avant tout, un rite de passage symbolisant la réception de l’enfant dans la communauté en lui donnant les mêmes responsabilités qu’à un adulte.
Le fait d’accorder ce statut hautement symbolique à un enfant handicapé me parait être de la plus haute importance, justement pour des enfants n’ayant pas toujours une reconnaissance facile de la part de la société.
J’écris ça aujourd’hui car je n’avais pas auparavant saisi toute la dimension de la chose. De même, dans le mouvement Massorti, les femmes sont considérées en égalité totale avec les hommes sur le plan religieux et les filles lisent aussi leur Parasha.
Cette égalité homme-femme est également très importante car il n’est pas rares que dans le cas d’enfants handicapés, la cellule familiale se disloque face aux difficultés, la maman devenant la seule parent de son enfant pour l’accompagner dans la synagogue lors de sa Bar Mitzva. Je me rappelle aussi quelques cas de mamans nous ayant choisi pour pouvoir accompagner leur enfant dans le cas du décès ou de l’absence du père.
En conclusion, je dirais que ce fait à lui seul, me parait justifer l’existence de ce courant du judaïsme. C’est justement les enfants susceptibles de se sentir rejetés par la société qui ont le plus besoin d’être accueillis en son sein.
La question des croyances religieuses ou spirituelles me parait insignifiante face à l’importance de cette reconnaissance vus-à-vis de l’enfant.
L’image principale en tête d'article représente le Rav Roberto Arbib, rabbin de la communauté Massorti de Neve Tzedek lors d’une cérémonie de Bar Mitzva pour un enfant handicapé réalisant la bénédiction au Bar Mitzva en présence des parents à la fin de la cérémonie.
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